La Malparade, c'est l'art de rater sa vie, de prendre les choses à l'envers, de ne jamais éviter le pire. C'est aussi, dans ce livre, la chronique dérisoire et sublime d'un jeune homme rêveur qui n'ignore rien du désespoir, ni des vagues de lumière qui inondent parfois les jours ordinaires. Son histoire ? Elle se déroule, d'un seul souffle, dans une zone hérissée de béton et d'ordures, entre un samedi matin et un dimanche soir, offrant au destin une poignée d'heures afin qu'il accomplisse sa besogne. Il y a là Rosa, la mère, qui croit que Venise se trouve quelque part dans le ciel, il y a une inconnue entrevue dans une charcuterie et qui ressemble à la Béatrice de Dante, un chien distraitement célinien, des souvenirs défaits, des foisonnements d'illusions, des fêtes de famille. Tout cela compose dans l'œil du narrateur – un petit roupiot qui se languit après l'extase – un univers singulier où la réalité hésite, vacille et se disperse. Partout à l'entour, le monde, ses plaisirs inutiles et détaillés ici par une écriture absolument sensuelle. Après La Dérobade, La Passagère et Chez l'Espérance, Jeanne Cordelier nous donne, avec Malparade, son roman le plus délirant, le plus pur.