Il ne manque pas d’études sociologiques, anthropologiques, économiques, sur les mutations que connaissent depuis plusieurs décennies les sociétés africaines. Ce que l’on sait moins en revanche, c’est qu’un genre littéraire, relevant de la littérature populaire et trop souvent encore considéré comme mineur, le roman policier, a également apporté sa contribution à leur analyse. L’intérêt de ce livre, à l’inverse d’autres ouvrages portant également sur le roman policier africain, mais se situant dans une perspective de critique littéraire, est d’abord de prendre en compte l’ensemble du continent avec 53 auteurs écrivant en français, en anglais, en afrikaans, en portugais et appartenant à 24 pays. C’est ensuite de dégager des thématiques qui leur sont communes : le pouvoir politique depuis la décolonisation, les traditions face à la modernité, le pouvoir central et les droits coutumiers…, autant de questions qui inscrivent ces romans dans une littérature de la dénonciation. Enfin, c’est de donner à voir dans de larges extraits la manière dont les auteurs s’emparent de cette réalité et la rendent sensible à leurs lecteurs, faisant de ce fait, volontairement ou à leur insu, un véritable travail sociologique.