L'enchanteur révèle un des aspects les plus singuliers et les plus attachants de l'oeuvre de Marcel Brion. Ce roman, écrit pendant la guerre, et qui, en raison des événements, parut en Suisse, fut vite épuisé à cause de son succès, mais resta peu connu des lecteurs français. Ceux-ci auront, aujourd'hui, la surprise de découvrir dans un livre composé en 1943, une technique audacieuse qui est presque celle d'un précurseur, en même temps qu'une profondeur de symbole étrangement captivante.
Le couple immortel des enchanteurs Merlin et Viviane, revient à la vie et à l'amour, à une époque indéterminée qui est peut-être la nôtre et dans une Prague à la fois réelle et rêvée. Merlin est illusionniste, Viviane diseuse de bonne aventure. Ils aspirent à actualiser une fois de plus leur passion éternelle dans une recherche de l'impérissable et de l'absolu, entraînés par la fatalité de l'Éternel Retour. Leur destin est lié à celui des artistes du cirque Aislinn, acrobates, jongleurs, ventriloques, clowns, lanceurs de couteaux, mais le cirque n'est-il pas le lieu magique par excellence où se déploient les enchantements de cette autre réalité qui fleurit dans le surnaturel un lieu hors de l'espace et hors de la durée où se rejoignent les êtres qui ont été de tout temps l'un à l'autre prédestinés ?
Une belle histoire enveloppée de cette atmosphère fantastique que nous ont rendue familière La Ville de Sable, la Chanson de l'Oiseau étranger, Château d'ombres, La Folie Céladon, la Rose de Cire, où le talent de conteur de Marcel Brion rejoint les poètes et les prosateurs de cette Allemagne Romantique qu'il nous a appris à comprendre et à aimer.