L’humanité serait-elle entrée dans le « pot au noir », cette zone au milieu des océans où les vents qui soufflent en sens contraires se neutralisent ou se combattent ? Dans un monde pris dans ces tourbillons, entre paralysie et naufrage, où trouver la boussole qui permettrait d’en sortir ?Pour échapper au désordre, stabiliser l’instable et penser l’imprévisible, il ne suffit pas de placer l’humanité et ses valeurs au centre du monde, comme a tenté de le faire la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948. Il faut réguler les vents autour de principes communs et inventer la boussole d’un humanisme élargi à la planète qui guiderait les humains sur les routes imprévisibles du monde.Mireille Delmas-Marty est juriste, professeur émérite au Collège de France, où elle a été titulaire de la chaire « Études juridiques comparatives et internationalisation du droit ». Elle est aussi membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Ses travaux portent sur l’internationalisation du droit, notamment des droits de la personne (par exemple, la justice pénale internationale), des droits économiques et sociaux (la responsabilité des entreprises transnationales) et environnementaux (la qualité du climat). Elle est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Aux quatre vents du monde (Seuil, 2016), et intervient régulièrement dans le débat public.