Résumé

Aujourd’hui, les études consacrées à l’idéalisme britannique sont pléthoriques, surtout quand on les compare au désert historiographique qui a durablement marqué les générations des années 1940 aux années 1970. Il n’est ainsi plus possible de considérer que son importance est négligeable dans l’histoire de la philosophie en Grande-Bretagne?: un authentique débat sur l’idéalisme britannique a eu lieu.
Ce renouveau historiographique dans les pays anglo-saxons s’est accéléré ces dernières années, avec la parution de quelques ouvrages clés, comme pour signaler que le retard pris au XXe?siècle était définitivement comblé. En France, ce débat et ce renouveau historiographique ne sont pas passés inaperçus mais les publications sur ce thème sont encore peu nombreuses. Ce volume rédigé en anglais et en français a pour ambition de venir présenter l’idéalisme britannique et ses défis à un public français – l’introduction en français en particulier – mais aussi de présenter des études de fond rédigées an anglais par les plus grands spécialistes du sujet.
Il faut s’interroger sur les raisons et les leçons de ce retour à l’étude de l’idéalisme britannique. De toute évidence, cet engouement n’est pas uniquement dû au besoin de réparer une injustice, ou éventuellement de créer une niche pour des chercheurs spécialisés dans l’étude de l’idéalisme britannique?: il est donc très important aussi de se demander s’il ne cache pas un enjeu plus important. Revenir aujourd’hui vers le monde victorien n’est pas anodin et cela révèle la force du désir de redécouvrir un paradigme intellectuel oublié qui, grâce à un «?effet miroir?», pourrait devenir la source d’une réflexion salutaire.
Il semble qu’il y ait deux types de rapprochements possibles entre le monde britannique actuel et le monde victorien. La période victorienne renvoie tout d’abord à une époque glorieuse de la Grande-Bretagne, et certains ont tenté de s’en inspirer pour trouver un remède aux difficultés contemporaines. Mais la période victorienne a aussi vu poindre le déclin relatif de l’Empire, avec l’émergence d’une littérature décliniste dans la seconde moitié du XIXe?siècle, et une Kulturkritik à l’anglaise particulièrement «?décadente?» pendant les Nineties. Cette représentation-là est aussi très proche de la situation civilisationnelle de la Grande-Bretagne au seuil des années 1980?: elle rappelle douloureusement les terribles années 1970 en Angleterre, qui se sont terminées par le tristement célèbre «?hiver du mécontentement?». Ces deux rapprochements avec le contexte de la «?civilisation britannique?» depuis les années Thatcher correspondent peu ou prou aux deux périodes de l’essor et de la maturité de l’idéalisme victorien?: derrière l’étude de l’idéalisme britannique se profile donc un retour réflexif sur la vie intellectuelle victorienne et son héritage, sur une époque où les idées étaient encore «?culturally consequential?», c’est-à-dire susceptibles d’avoir un réel impact sur la vie réelle.
Étudier l’idéalisme britannique, expliquer comment il s’est formé au long du XIXe?siècle pour venir s’imposer pendant la période victorienne tardive fait ainsi sens aujourd’hui en Grande-Bretagne. De ce point de vue, toutes les facettes de ce mouvement philosophique sont intéressantes, qu’il s’agisse de l’éthique, de la métaphysique, de la philosophie politique ou de la réflexion sociale et politique, si tant est qu’elles sont susceptibles d’aider à mieux comprendre le monde actuel et à servir dans les débats spéculatifs. L’essentiel, c’est l’usage que l’on peut faire de l’idéalisme. Mais on se trouve donc confronté à une question d’une tout autre mesure?: comment ne pas reconnaître une qualité trans-historique à l’idéalisme?? L’idéalisme britannique ne serait alors pas exclusivement ancré dans la période victorienne, mais il se rapporterait à une tradition de pensée sous-jacente dans le fonds culturel britannique, (re)émergeant à intervalles réguliers et prenant une configuration adaptée à l’esprit du moment. La question a déjà été examinée?: elle associe l’idéalisme britannique à la tradition (néo)platonicienne en Angleterre et elle est cardinale dans toute réflexion sur l’idéalisme des philosophes victoriens comme sur l’idéalisme dans les pays anglo-saxons de façon plus générale.
Le premier des points ainsi étudié dans ce volume est précisément celui de l’idéalisme de ces victoriens et comment cette tension entre la tradition platonicienne-idéaliste et l’idéalisme anglo-hégélien rend impossible toute forme de généralisation et de simplification sur l’existence d’un seul et même idéalisme de la fin du XIXe?siècle.
Les neuf articles du volume ont été présentés en deux grandes parties?: la première porte sur la difficulté qu’il y a à définir justement ce que serait un «?seul et unique?» idéalisme victorien?; la seconde, sur les courants et les idées qui se sont opposés à ces différents types d’idéalismes en les caricaturant voire en les fantasmant.
Au terme de la lecture de ces articles ouvrant de belles perspectives de travaux futurs, une histoire des idéalismes en contexte reste encore à rédiger pour faire sens de ce qui est bien plus qu’une parenthèse philosophique négligée de la fin du XIXe et du début du XXe?siècles, et sur lequel il est difficile de porter un jugement conclusif et définitif.

Ouvrage publié avec le soutien de l’Université d’Artois et du Laboratoire AGORA, Université de Cergy-Pontoise.

Caractéristiques

Editeur : Editions Matériologiques

Auteur(s) : Jean-Paul Rosaye, Catherine Marshall

Publication : 24 septembre 2018

Edition : 1ère édition

Intérieur : Noir & blanc

Support(s) : Contenu téléchargeable [PDF]

Contenu(s) : PDF

Protection(s) : DRM ACS4 (PDF)

Taille(s) : 1,1 ko (PDF)

Langue(s) : Français

Code(s) CLIL : 3126

EAN13 Contenu téléchargeable [PDF] : 9782373611816

EAN13 (papier) : 9782373611809

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