Carine Doganis

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A propos de l'auteur

La politique est en crise, la cité est divisée, et pourtant, la démocratie antique, généreusement idéalisée, peut servir de modèle, par ses dérives, ses défaillances et ses crises, si l’on veut mieux comprendre le politique d’aujourd’hui. La pratique abusive de l’accusation publique volontaire (la sycophantie), inhérente à la démocratie grecque, a largement participé à la corruption du système. La délation met en évidence la corruption de l’idéal d’une société de confiance qui est celle de la cité d’Athènes, que l’on pourrait retrouver dans l’idéal de transparence qui caractérise les démocraties contemporaines.

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De tous les ouvrages qui traitent des régimes politiques en général et de la démocratie, en particulier à l’époque de la Grèce ancienne, il ressort une idée essentielle : les Grecs ont inventé la démocratie. Mais cette démocratie, nous ne la reconnaîtrions presque pas aujpourd’hui, et c’est grâce à la piété filiale, au respect des héritiers pour leurs ancêtres que nous l’érigeons en modèle. Voilà en effet un régime qui n’accorde au mieux la citoyenneté qu’à une minorité de ses majeurs, les hommes nés de parents citoyens, à l’exclusion des femmes, des étrangers et des esclaves. Nous trouvons à cette démocratie à peu près le même charme qu’aux premières peintures ou sculptures, nous les aimons parce qu’elles sont l’œuvre des Anciens, alors que nous les haïrions si des modernes osaient en produire de semblables. En somme, elles nous semblent des ébauches formidables pour l’époque, mais loin de nos exigences. Carine Doganis nous invite au contraire à regarder ce qui distingue en mal la démocratie des autres régimes, la figure du sycophante. L’analyse des dysfonctionnements de la démocratie athénienne n’est pas moins instructive que celle de ses réussites. Or, ce dysfonctionnement n’est pas dû à un manque de démocratie, mais à l’institution démocratique elle-même ; il ne s’agit certes pas ici de promouvoir les autres formes de régime, mais de s’interroger sur les raisons de la corruption du rôle d’accusateur public, institution éminemment démocratique.

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