Réponse des forces de tradition aux défis qui leur sont lancés par les mouvements de fond du XIXe siècle, le conservatisme revêt - en Autriche - des formes originales, qui tiennent à la spécificité de l'ensemble habsbourgeois. Centré sur vingt années cruciales (1859-1879), le livre de Jean-Paul Bled en propose une analyse globale, comme phénomène à la fois idéologique, politique, et sociologique. À l'étude des forces sur lesquelles s'appuie le conservatisme (Église, noblesse, armée), succède un examen des différents débats auxquels il est confronté durant la période (organisation interne de la monarchie, formation des consciences nationales, question sociale, place de l'Autriche en Europe). Si des tendances de fond se dégagent autour de la défense du fédéralisme historique et du catholicisme, le conservatisme reflète aussi, dans ses composantes idéologiques comme ses expressions politiques, le pluralisme - aussi bien territorial que national - de l'ensemble habsbourgeois. Cette diversité est illustrée par l'étude de trois cas de conservatisme, en Bohême, au Tyrol, et en Galicie. Mais, par-delà sa spécificité, le conservatisme autrichien fait partie d'un phénomène plus vaste, comme le soulignent ses liens avec les autres conservatismes d'inspiration catholique en Europe. Les relations des conservateurs sociaux autrichiens avec l'Œuvre des Cercles du comte de Mun et du marquis de la Tour du Pin, et leur participation à l'élaboration de l'Encyclique « Rerum Novarum », en sont une démonstration.