Claire Préaux

Aucune publication pour ces critères de recherche.

A propos de l'auteur

Si la domination grecque ne fut pas aisée à maintenir, tant en raison des vélléités d’indépendance des autochtones que des guerres répétées entre Grecs ainsi que contre les envahisseurs étrangers, le monde hellénistique reste pourtant un prodige d’acculturation et de transformation d’un immense espace par une minorité dynamique de quelques conquérants. Ce second tome est consacré à la culture, à l’économie et à la société hellénistiques, qui restent dans une large mesure proprement grecques. L’histoire du monde hellénistique n’est en effet pas seulement celle des rois et des armées, elle est aussi celle des Grecs qui y vécurent presque toujours en conquérants. Ce manuel fait la part des transformations réelles d’origine grecque et des nombreux aspects des modes de vie autochtones que la conquête et deux siècles d’occupation laissèrent souvent inchangés. Les Grecs des territoires conquis, à l’abri de leurs nouvelles cités, ne se distinguent guère de leurs cousins de Grèce et de Grande Grèce que par la domination qu’ils exercent sur les peuples infiniment plus nombreux qu’eux qu’ils dominent. Les mariages de Suse ont fait long feu, et le clivage reste vivace tout au long des deux siècles d’occupation entre les vainqueurs et les vaincus d’hier. Peu ou pas de mélange, en dépit de l’admiration de certains Orientaux, tels les prêtres égyptiens, au cours des siècles précédents. Malgré certains apports autochtones, notamment dans le domaine religieux, où les Grecs admettent depuis Cadmos la prééminence égyptienne, la tension reste permanente entre les autochtones et les Grecs dans cet espace que l’on a coutume d’appeler hellénistique. La diversité des statuts, y compris des droits, perdurent même au sein de l’empire le plus ancien et centralisé des Lagides. C’est pourtant dans ces quasi-forteresses que sont leurs cités que les Grecs d’Asie mettront en place un modèle urbain et économique original, et participeront au même essor intellectuel que leurs cousins restés en Grèce historique. Philosophie, au sens ancien du terme, et art hellénistique se développèrent en effet avec le plus vif éclat tout au long de l’époque hellénistique, malgré l’instabilité politique et l’état de lutte constante entre Grecs et, pour les Grecs d’Asie, contre les Asiatiques.

(P. Prigent)
--:-- / --:--